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"Ça fait mal à la politique" : des assistants parlementaires défendent leur métier après les révélations sur Penelope Fillon

Selon "Le Canard enchaîné", la femme de François Fillon a été rémunérée comme attachée parlementaire alors que la réalité de son travail est remise en cause. Contactés par franceinfo, plusieurs attachés parlementaires commentent cette affaire. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Duguet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Fillon et Penelope Fillon, le 26 janvier 2012, à l'Elysée. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Il y a trois mois, dans Le Bien public, elle assurait que, "jusqu'à présent", elle ne "s'était jamais impliquée dans la vie politique de son mari".  Une phrase qui résonne aujourd'hui étrangement alors que Penelope Fillon est sous le feu des projecteurs. Selon Le Canard enchaîné, la femme de François Fillon a été rémunérée 500 000 euros brut comme attachée parlementaire de son mari puis du suppléant de ce dernier entre 1998 et 2007.

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Problème : l'hebdomadaire remet en cause la réalité du travail de Penelope Fillon. Des accusations balayées par le candidat de la droite qui a dénoncé la "misogynie" de cet article. Depuis, le parquet national financier a ouvert une enquête pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits". Contactés par franceinfo, trois attachés parlementaires réagissent à ces révélations. 

Mehdi : "Ça me met en colère quand on pense aux heures de travail"

Il ne décolère pas. Mehdi Chalah, attaché parlementaire de la députée socialiste du Nord Anne-Lise Dufour-Tonini depuis 2014, est scandalisé par les révélations du Canard enchaîné sur François Fillon et son épouse : "Quelqu'un qui pointe du doigt les fonctionnaires, les assistés, les pauvres et qui embauche sa femme sur un emploi fictif à 7 900 euros, c'est culotté."  Le jeune homme explique gagner 1 000 euros par mois pour trois jours de travail par semaine en circonscription ou à l'Assemblée. Le reste du temps, il poursuit ses études pour devenir avocat. Rien à voir avec la situation de Penelope Fillon.

Les collègues avec qui je travaille sont jeunes et cumulent parfois d'autres emplois. Ils travaillent dur et sacrifient un certain nombre de choses.

Mehdi Chalah, assistant parlementaire

à franceinfo

Cette affaire abîme, selon lui, l'image de l'attaché parlementaire : "Ça participe au discours ambiant sur le 'système', avec les politiques et les médias qui profiteraient de l'argent et des privilèges." Lui assure avoir mérité son travail : "Je suis un enfant des quartiers populaires, je pense que je mérite ce job, je ne bénéficie pas de passe-droits." Mehdi Chalah confie en vouloir à "ceux qui profitent du système, je pense à Cahuzac et à Fillon". "Ça me met en colère quand on pense aux heures de travail", conclut-il. 

Jérémie : "Il faut trouver un mécanisme pour que l'Assemblée contrôle"

Attaché parlementaire depuis 2012 du député Jean-Louis Roumégas, élu EELV de l'Hérault, Jérémie Iordanoff s'étonne que cette histoire "sorte maintenant" et que l'Assemblée "ne fasse pas de contrôle". Lui gagne 2 300 euros net pour un travail à temps plein où il s'occupe de l'agenda du député, des réunions publiques, des communiqués de presse...

Il reste toutefois prudent face aux révélations du Canard enchaîné : "Si elle a effectivement travaillé, son salaire peut se justifier. Si ce n'est pas justifié, il faut trouver un mécanisme pour que l'Assemblée nationale contrôle." Car selon Jérémie Iordanoff, des salaires plus élevés que le sien sont monnaie courante.

Lorsqu'on avait un groupe écolo, il y avait des attachés qui étaient rémunérés plus que moi : entre 4 000 et 5 000 euros car ils avaient beaucoup d’expérience et fournissaient beaucoup de travail.

Jérémie Iordanoff, attaché parlementaire

à franceinfo

De telles rémunérations sont compréhensibles selon lui : "Ce sont des métiers compliqués, qui demandent beaucoup de compétences, de discrétion. Je trouve ça justifié de les rémunérer ce prix-là si c'est un travail réel. Si c'est fictif, il y a un problème." A l'entendre, cette affaire a déjà fait des dégâts : "Les gens vont encore dire : 'C'est tous des pourris.' Ça fait mal à la politique." 

Thomas : "Ce sujet n'en est pas un"

Evidemment, chez les attachés parlementaires Les Républicains, le discours est nettement plus nuancé. Thomas Miachon, attaché parlementaire du député-maire de Marcq-en-Barœul, Bernard Gérard, est catégorique : "Ce sujet n'en est pas un à mon sens." Pour lui, François Fillon "a le droit, en tant que parlementaire, d'avoir des attachés parlementaires, fussent-ils des proches".

En effet, rien dans les textes n'interdit de telles pratiques. Pour le jeune homme, si le candidat et sa femme "ont travaillé aussi longtemps ensemble, c'est que le travail accompli par madame Fillon correspondait aux attentes de François Fillon ainsi que de son suppléant"

Toujours selon Thomas Miachon, "tous les attachés parlementaires n'ont pas besoin d'être mis dans la lumière médiatique pour remplir leur mission". Il dénonce encore "le François Fillon bashing" et termine en disant préférer parler des sujets que "les Français sont en droit d'attendre" plutôt que "des ragots du Canard"

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